Le jaguar

Il est né dans la jungle, n'a connu que ses lois,  
Par la ruse et la force a fait valoir ses droits. 
Yeux luisants de malice, séduisant tel un roi, 
Il survit, et de son mieux il porte sa croix.

Mais derrière ses rôles, son humeur est changeante, 
Tantôt légère et vive, tantôt dans la tourmente. 
Lui-même, il reste sur ses gardes, regard alerte, 
Fragile en vérité ; ses blessures sont ouvertes.

Ivre de liberté, prisonnier de ses peurs, 
Des épreuves de la vie qu'il connaît par coeur, 
D'un futur effrayant, nébuleux et moqueur, 
Il est acculé mais se bat avec ardeur.

Pourtant, ô lassitude, la fatigue se montre ; 
Alors, volage, il va de rencontre en rencontre, 
Cultivant sa colère et son indifférence, 
Dangereux prédateur dont je prédis l'absence.

Trop lucide, il s'ennuie. Nouveauté n'est plus là. 
Le jaguar est blasé. Il soupire et s'en va.

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